Des contes en partage

Échanges et correspondances entre écoles de France, de Madagascar et d'ailleurs, autour des contes traditionnels

lundi 14 février 2022

Lettre des écoliers de Coubalan

 Bonjour à vous, écoliers de Cherbourg,

nous sommes les élèves de CM1b de l’école de Coubalan et nous allons vous présenter notre école.

 

Coubalan est un village assez important, situé dans la région de la Casamance, non loin du fleuve du même nom. Il est desservi par une piste en latérite qu’empruntent les bus et surtout les motos, car elle n’est pas toujours praticable pour les voitures légères. 


 Notre village est cerné par la mangrove qui attire de nombreux oiseaux. Il y a eu des attaques de crocodiles près du fleuve, mais c’était il y a longtemps.

 

Nos parents cultivent le riz, mais uniquement pour leur propre consommation (il y en a peu, on préfère ne pas le vendre) et aussi les arachides, le maïs, le mil, les haricots et l’oseille. Sophie est venue nous rendre visite à la période de récolte des arachides. On adore les grignoter crues ou grillées.

 

Coubalan est jumelé avec Cherbourg depuis assez longtemps et certains de nos maîtres sont déjà allés en France. Surtout, grâce à l’aide de Cherbourg, nous disposons d’un forage qui donne de l’eau fraîche et potable à toute l’école, et qui nous permet d’entretenir un petit jardin.

 


Notre école comporte deux classes par niveau et le CM1b a 29 élèves. Nous avons classe le matin de 8 heures 30 à 13 heures 30, et les après-midi de 15 heures à 17 heures. 

 La langue d’enseignement est le français. Dans la cour, nous parlons le plus souvent en joola, même si certains élèves sont locuteurs d’autres langues, comme le wolof.

Après l’école, la plupart des élèves suivent les cours de soutien à l’école sous les manguiers : une initiative des étudiants de Coubalan qui apportent leur aide bénévolement.

 Sophie est venue travailler avec nous début novembre. Elle s’intéresse au joola fogny, qui est la variante du joola qui a déjà été officiellement transcrite. Notre maître, Ernest Diatta, est originaire d’Oussouye où on parle le kassa. Moussa Badji, qui est le maître des CPa, est locuteur du joola fogny, et il est venu aider à la collecte de contes. Le premier jour de l’atelier, chacun a raconté ce qu’il avait récolté.

Aminata Fofana a raconté l’histoire de Coumba l’orpheline (en wolof).

Aïssatou Badiane a raconté l’histoire de l’étranger accusé (en français).

 Mamadou Badiane a raconté l’histoire de la conquête de la femme (en joola).

On a ainsi écouté quatorze contes et c’est l’histoire racontée par le maître Moussa Badji qui a été choisie finalement : une histoire de génie qui se fait passer pour un handicapé.

 


Durant le reste de la semaine, on a réalisé certaines illustrations du conte. Pour cela, on s’est inspiré des graphismes senoufo que Sophie avait apportés.

On a aussi appris la chanson de la grenouille, et on a encore raconté des histoires dans la langue de notre choix.


 

On a travaillé toute la semaine en petits groupes, sous le manguier de la cour. Il y fait beaucoup moins chaud que dans les classes.

 Au Sénégal, on monte le drapeau sur le mât le lundi matin, et on le descend le vendredi, en chantant l’hymne national.

 Un des jeux qu’on aime consiste à reconnaître les camarades en ayant les yeux bandés.

On aime aussi jouer à « concong » (sorte de 123 soleil), à l’élastique et au foot. 

Sortie du vendredi.


 Monsieur Moussa Diatta, le directeur de l’école, avec sa famille qui a accueilli Sophie. 


 Le repas du midi : poisson du fleuve, riz et huile de palme toute rouge.

 

Il y a plusieurs animaux dans la cour, comme ces chevreaux d’un jour. Les maisons sont faites en briques avec de la terre prise sur place.

 

Madame Binta Sané, adjointe au maire, a longtemps enseigné le joola fogny. Elle a accepté de transcrire notre conte.

 

C’est le week-end : on a des devoirs à faire.

On aide aussi aux travaux de la maison :on s’occupe des animaux domestiques, on les nourrit, on passe le balai, on s’occupe de la vaisselle et du linge. Les familles catholiques vont à la messe.

On joue. On regarde la télé et on dispute des matchs de foot. Le soir, on apprend les leçons.

On espère que cette lettre vous donnera envie de nous répondre, et que vous serez heureux de partager le conte avec nous.

À bientôt !

 


 

jeudi 6 janvier 2022

Lettre des écoliers de Petit-Thialy, Thiès

 Bonjour à vous, élèves de Caen et de Cergy,

nous sommes les élèves de CM1A et CM1B de l’école Petit-Thialy et nous allons vous présenter notre école.

Le quartier de Petit-Thialy est un quartier de Thiès-Nord. Thiès est une ville importante du Sénégal. Elle était autrefois au centre du trafic ferroviaire et maintenant, c’est la grande ville la plus proche de l’aéroport international.

À l’heure de pointe, vers dix-huit heures, il y a beaucoup d’embouteillages sur les principales artères. Mais notre quartier n’étant pas goudronné, la circulation automobile est peu abondante. On voit plutôt passer des carrioles attelées à un âne ou un cheval.

 

Le quartier de Petit-Thialy s’est bâti en grande partie sur des zones humides, autrefois occupées par des rizières. Notre école a été construite au centre et nous en voyons aujourd’hui les conséquences. La nappe phréatique atteint le niveau du sol, et l’eau circule dans notre cour. Auparavant ce problème surgissait surtout en période de fortes pluies, jusqu’en septembre, mais cette année, l’eau ne s’est pas retirée et notre rentrée scolaire a dû être décalée à fin octobre.


On a tenté de petits aménagements : un fossé d’évacuation a été creusé tout autour de l’école, et du remblai latéritique a été déversé pour nous permettre d’accéder aux classes. Deux classes restent inaccessibles, et il est envisagé de déplacer l’école vers un autre terrain… mais la construction de bâtiments neufs demandera du temps et de l’argent. Pour le moment, on traverse la cour en franchissant les ruisseaux : C’est le Sénégal ! (c’est ce que dit Monsieur Sow, notre directeur, chaque matin en regardant les flaques)


 

Notre école compte plus de 700 élèves. Tous les maîtres sont fonctionnaires, et il y a en plus deux enseignantes de langue arabe. Le quartier de Petit-Thialy comprend aussi des écoles privées, catholiques et coraniques. Nous avons classe le matin de 8 à 13 heures, et aussi les après-midi du mardi et du jeudi.

La langue d’enseignement est le français. Dans la cour, nous parlons le plus souvent en wolof. Petit-Thialy était autrefois un quartier essentiellement séreer-noon. Aujourd’hui, il est habité par des gens venus de partout. Les familles séreer-noon sont encore là, mais dans l’école, on ne parle pas beaucoup cette langue. Elle est encore très pratiquée surtout dans les villages séreer-noon qui s’étendent au long de la route nationale vers Saint-Louis.

Sophie est venue travailler avec nous début novembre. Elle s’intéresse particulièrement à la langue séreer-noon, car c’est la langue des premiers habitants de Thiès, et elle est aujourd’hui menacée de disparition. Dans nos classes de CM1, neuf élèves appartiennent à des familles séreer-noon et ils ont collecté des contes pour nous les faire partager. Maîtresse Marie-Jeanne est elle-même d’une famille séreer-noon et elle a participé autrefois au programme d’alphabétisation dans cette langue. Elle va nous aider à écrire notre conte selon les règles.

 Innocence a raconté l’histoire de Coumba l’orpheline.

Marie-Jeanne a raconté l’histoire de Hyène et le bœuf.

Joseph a raconté l’histoire de Hyène et le troupeau de chèvres.


 Julie Thérèse a raconté l’histoire du marin qui veut voir sa fiancée Adèle.


 Innocence a raconté l’histoire de la petite têtue qui se prend pour une grande.


 Joseph a raconté l’histoire de l’hyène qui veut épouser la fille du lion.

On a discuté ensemble pour choisir le conte à illustrer et on a choisi l’histoire de Monsieur Hyène et le troupeau de chèvres. C’est un conte séreer-noon que Joseph tient de son père, René Ndiaye. Marie-Jeanne a transcrit l’histoire en s’appuyant sur ses manuels d’alphabétisation, et on a aussi fait la traduction en français.

 Durant le reste de la semaine, on a réalisé certaines illustrations du conte. Pour cela, on s’est inspiré des graphismes senoufo que Sophie avait apportés. 

On a notamment travaillé sur les arbres : le baobab, et le rônier, qui est un arbre très important pour nous.




  Il donne des fruits légèrement sucrés : les conis.
On utilise son tronc pour les charpentes.
On se sert de ses feuilles pour les toitures.
On fait des paniers avec les tiges.

Le baobab est aussi apprécié pour ses fruits, les pains de singe, qui donnent un jus délicieux, le bouye. On utilise ses feuilles pour des tisanes. 

 

Marie-Jeanne a rendu visite à sa famille au village, et elle a ramené des conis. Son frère tresse les tiges en paniers et sa belle-sœur récolte les feuilles du baobab qu’il faut débarrasser de la poussière.

Au Sénégal, on monte le drapeau sur le mât le lundi matin, et on le descend le vendredi, en chantant l’hymne national.


 

Monsieur Sow, le directeur, Marie-Jeanne Faye son adjointe, et deux collègues.


Sortie du vendredi.

 

C’est le week-end : certains d’entre nous en profitent pour suivre des cours de soutien.

 

Mais on aide aussi aux travaux de la maison : on lave les animaux domestiques (moutons, cochons), on les nourrit, on passe le balai, on s’occupe de la vaisselle et du linge.

Les familles catholiques vont à la messe.

On joue. On regarde la télé et on dispute des matchs de foot. On joue au « solgourtou » (balle au prisonnier) et au « hay » (jeux de mains pour les filles).

Le soir, on apprend les leçons.


On espère que cette lettre vous donnera envie de nous répondre, et que vous serez heureux de partager le conte de Monsieur Hyène avec nous.


À bientôt !